« Avant je travaillais pour les gens, mais aujourd’hui c’est d’autres qui travaillent pour moi, et je les paye », déclare fièrement Mme Alimatou Amidou.
Mme Alimatou Amidou est mère de famille. Elle réside à Nigbaoudè 2, un village situé à plus de 320 km au Nord de Lomé dans la préfecture de Tchaoudjo. Autrefois manœuvre dans les ateliers de transformation de manioc des exploitants agricoles de sa préfecture, elle est désormais chef de son exploitation grâce à son parcours réussi dans le volontariat communautaire. Elle partage son expérience avec l’équipe chargée de la communication du projet d’opportunité d’Emploi pour les jeunes vulnérables (EJV) dans la région Centrale.
Équipe chargée de la communication : Bonjour Alimatou. Qu’avez-vous choisi comme activité génératrice de revenus après votre volontariat ?
Alimatou : « Je me suis spécialisée dans la transformation du manioc en gari et en tapioca, des denrées très prisées dans l’alimentation des populations togolaises ».
Équipe chargée de la communication : Qu’est ce qui a motivé votre décision de transformer le manioc en gari et en tapioca ?
Alimatou : « Je m’y connaissais avant de me lancer dans le volontariat du projet EJV. Pendant plus de quatre (04) ans, je passais mes journées dans les champs de manioc des cultivateurs des villages voisins, dans le but de trouver du travail. Je travaillais aussi avec les transformateurs pour gagner de quoi nourrir ma famille, et subvenir à nos besoins.
Mais franchement, Je gagnais très peu. J’avais beaucoup de peine parce que je travaillais beaucoup sans parvenir à joindre les deux bouts. Donc je guettais les occasions dans l’espoir de trouver une meilleure occupation. C’est ainsi qu’après plusieurs tentatives, je suis tombée sur l’annonce du projet EJV. En participant à ce projet, j’ai pu épargner de l’argent, et j’ai reçu une aide supplémentaire de soixante mille (60.000) francs CFA qui m’ont permis de lancer ma propre exploitation de production de gari et de tapioca ».
Équipe chargée de la communication : Que retenez-vous de votre parcours de bénéficiaire du projet EJV ?
Alimatou : « En réalité, j’ai traversé tellement de choses que je me suis fait enregistrer sans vraiment y croire. Je me suis inscrite en me disant que c’était du « Wait and see ». Mais au fil du temps, j’ai vu que j’avais ma chance à saisir. Un jour, on a invité tout le village à se regrouper, et à tirer au sort les jeunes qui se sont enregistrés. C’est ainsi que j’ai été tirée pour participer aux Travaux à haute intensité de main-d’œuvre (THIMO) et aux formations ; un processus que j’ai suivi avec succès. Je retiens qu’en plus des formations, on nous a aidés à élaborer nos plans d’affaires ; on nous a créés des comptes, on nous a payés ; et on a donné, à nous qui avons fait des épargnes, 60.000 francs. »
Équipe chargée de la communication : Qu’est ce qui a concrètement changé dans votre histoire de vie avec le projet EJV ?
Alimatou : « comme je l’ai dit, on nous payait quinze mille (15.000) francs CFA chaque dix (10) jours pendant les travaux. Cela m’a permis non seulement d’accroitre notre consommation à la maison, mais aussi, d’économiser quarante mille (40.000) francs au bout de quatre (04) mois. J’ai donc eu droit à une subvention de 60.000 francs du projet, et quand j’ai pris cet argent, je suis allée acheter du matériel de transformation et du manioc pour monter mon exploitation. Avant je travaillais pour les gens, mais aujourd’hui c’est d’autres qui travaillent pour moi. Je travaille avec six (06) bonnes dames du village. J’arrive à les payer mieux qu’on me payait quand je travaillais pour les autres. Elles retournent chez elles à la fin de la journée avec de l’argent. Pour le changement que ma vie a connu, je dis un sincère merci ».
Fournir des opportunités de génération de revenus aux jeunes pauvres et vulnérables des 150 cantons les plus pauvres du Togo : tel est l’objectif du projet EJV qui, à travers un parcours de volontariat communautaire couplé de formations et d’un coaching personnalisé au profit des jeunes, permet aux meilleurs d’entre eux d’accéder à une subvention devant leur permettre de démarrer ou d’étendre leurs activités génératrices de revenus (AGR).
Il affiche au 15 février 2020, plus de 8.500 jeunes bénéficiaires enrôlés dans 121 villages, avec 81 pistes aménagées, 22.000 plants mis en terre, et plus de 500 AGR démarrées.